La CORPIQ réclame une meilleure planification du remplacement des tuyaux de plomb

Nouvelles

La Ville de Montréal a décidé d’imposer le remplacement des entrées de service d’eau en plomb aux propriétaires, et ce à leurs frais. Cette décision survient alors que l’administration Plante déclare vouloir intensifier les travaux de remplacement des canalisations.

La CORPIQ réclame une meilleure planification du remplacement des tuyaux de plomb

En effet, la Ville s’est fixée comme objectif le remplacement de 48 000 entrées d’eau en plomb d’ici 2030. Ces travaux, effectués sur la partie publique du réseau de canalisation, seront cependant inutiles si les tuyaux situés sur la partie privée des terrains ne sont pas également remplacés. C’est pourquoi la Ville forcera les propriétaires à effectuer les travaux nécessaires : s’ils refusent, elle procédera elle-même au remplacement et facturera le propriétaire. Les modalités de remboursement ne sont pas encore confirmées officiellement par la Ville, toutefois la CORPIQ a eu l’information qu’aucun programme de subvention ne sera disponible, donc celle-ci souhaite que les frais encourus puissent s’étaler sur plusieurs années à même le compte de taxes municipales.

Depuis les mois d’octobre et novembre, la Ville envoie une lettre à tous les citoyens ayant potentiellement une entrée de service en plomb. Les maisons de types unifamiliales, duplex et triplex, entre autres, seront traités en priorité. Pour la CORPIQ, l’obligation aux propriétaires de remplacer leur canalisation privée est absurde si la partie publique appartenant à la Ville reste encore en plomb pour un certain temps. D’une part, elle déplore l’absence d’information permettant aux propriétaires de savoir si la partie publique est déjà remplacée ou toujours en plomb. D’autre part, si elle est en plomb, quand la Ville planifie-t-elle effectuer les travaux afin que les propriétaires puissent se préparer?

La carte interactive des entrées de service en plomb fournie par la Ville n’est, pour le moment, d’aucune utilité ou presque. Cette carte permet tout au plus de visualiser les secteurs où il y a « présence possible » d’une entrée d’eau en plomb. Des propriétaires membres de la CORPIQ ont pu constater que la carte est imprécise. En effet, certains ont déjà remplacé leur entrée d’eau il y a quelques années et la Ville a également remplacé sa partie, alors que chez leurs voisins, ces travaux n’ont pas été réalisés. Or, la carte ne fait pas cette distinction entre un immeuble et l’autre. D’ailleurs, les informations fournies le sont seulement « à titre indicatif », reconnait la Ville, « sans aucune garantie quant à leur exactitude ». Rien pour rassurer les locataires et les propriétaires.

« Les propriétaires qui l’ignorent devraient vérifier ou faire vérifier par un professionnel si leur entrée d’eau est en plomb. Toutefois, le propriétaire n’a pas de moyen de vérifier dans le sous-terrain si la Ville a changé sa partie publique entre l’aqueduc principal et la valve.  La Ville a une responsabilité de fournir cette information », estime le directeur des affaires publiques de la CORPIQ, Hans Brouillette.

L’importance d’effectuer simultanément les travaux sur les parties publiques et privées en même temps est pourtant capitale, estime la CORPIQ, qui en a parlé avec le cabinet de la mairesse de Montréal. En les coordonnant, le coût attendu est bien moindre pour les propriétaires et, par ricochet sur les loyers, pour leurs locataires qui finiront par payer la facture.  

« Comment la Ville peut-elle presser les propriétaires à faire des travaux qui ne solutionneront rien tant que sa partie publique demeurera en plomb? La Ville pourrait accorder une subvention directe, mais elle a aussi la possibilité de faire les travaux en même temps sur la partie privée et ce, à un coût imbattable. Toutes les parties doivent saisir cette occasion et travailler dans l’intérêt commun de santé publique », souligne M. Brouillette.

La Ville procédera à un dépistage massif dans les résidences montréalaises : dès que la présence de plomb sera détectée dans l’eau du robinet, le propriétaire devra remplacer la section privée de l’entrée de service, a-t-elle communiqué. En attendant, les citoyens qui recevront un avis (ce qui inclut les locataires) devront utiliser un pichet filtrant. Cela risque de mettre de la pression sur les propriétaires bailleurs…

Page web de la Ville de Montréal concernant le plomb

Retour à la liste des actualités